Tout au long de ma pratique j’ai été sollicitée pour diriger des ateliers de formations théâtrales auprès de lycéen.nes, d’étudiants en école d’art, dans des Conservatoires ou des écoles supérieures de formation d’art dramatique (Les Teintureries à Lausanne, l’Ensatt à Lyon).

J’ai moi même été formée au CNSAD (1993-96) ou j’ai rencontré « mes maîtres » comme on aimait les appeler à ‘époque, que ce soit des femmes ou des hommes. Par la suite j’ai eu l’occasion de suivre un module de formation continue avec le metteur en scène polonais Krystian Lupa, qui reste à ce jour celui qui m’a le plus profondément influencé dans ma pratique, en particulier celle que j’expérimente dans les laboratoires de recherche, workshop ou ateliers que j’ai dirigé et que je poursuit aujourd’hui dans le cadre de l’ENSATT où je viens de rejoindre l’équipe pédagogique en tant que co-responsable du département Jeu.

Cette pratique s’appuie sur le travail intime qui lie l’acteur ou l’actrice à son personnage, véhicule de l’acteur pour entrer et traverser une œuvre théâtrale. Comment initie-t-on ce travail très personnel qui va donner corps et âme à un personnage dans une œuvre aux thématiques universelles ? Lupa a inventé « le monologue intérieur » comme outil de ce travail qui nourri l’imaginaire et stimule des motifs personnels pour partir dans l’exercice de l’improvisation dans un premier temps et danser avec le personnage à travers la pièce. Les comédiens et comédiennes, vont alors entrer dans une introspection intime qui mêle les lignes de la vie du personnage et les leurs, c’est de ce maillage que va naître la composition singulière du personnage créée par l’interprète. Il serait trop compliqué d’entrer ici dans les détails de ce processus, d’autant que c’est un travail expérimental qui requiert précisément de se mettre en jeu, avec la prise de risque que cela implique au plateau, pour que les vérités se rencontrent et réinventent les contours narratifs qui vont créer la fiction authentique du personnage.