Vanessa Larré
Je suis née à Genève en Suisse, et j’ai vécu à Paris pendant trente ans. Après ma formation au CNSAD (1993/96), j’ai principalement poursuivi une carrière de comédienne avant de concevoir mon premier projet de mise en scène en 2010/11.
Concert à la Carte, de l’auteur allemand Franz Xaver Kroetz, décrit au scalpel la soirée d’une femme qui rentre chez elle après son travail et finit sans raison apparente par mettre fin à ses jours.
En 2014, je crée Femmes (d’)intérieur (diptyque théâtral composée à partir de Concert à la carte et Perspectives ultérieures, de F. X. Kroetz), deux « solos » sur l’enfermement et l’asservissement de classe, et sur la solitude féminine, sujet au cœur de mon histoire familiale.
La même année, je coadapte et met en scène King Kong théorie, de Virginie Despentes, essai autobiographique où l’autrice analyse et critique la construction politique du genre et la violence masculine comme pilier d’un système où la domination et la hiérarchie sexuelles sont érigés en dogme.
C’est à cette époque que je découvre l’œuvre de Grisélidis Réal, prostituée et écrivaine suisse, qui aboutira à l’écriture de La Passe, créé en 2019. La pièce décrit à travers les lignes de récits intimes de deux comédiennes et une prostituée, l’objectivation sexuelle des femmes dans notre culture au cœur de la condition féminine.
Sublime(s) est le fruit d’un long processus d’écriture et de recherche dont la création est prévue pour la saison 2024/25. La thématique de la violence intrafamiliale s’articule autour du récit de deux femmes marquées par des faits divers liés à la défaillance parentale. L’une d’elle est une femme que j’ai rencontrée lors d’un atelier en prison, condamnée pour l’homicide involontaire de son enfant.
Je cherche à articuler mon travail artistique avec les rencontres marquantes que je fais dans la vie. Ces rencontres agissent comme des électrochocs, ce sont des balises qui m’alertent de motifs qui sont prisonniers de mon inconscient. J’ouvre alors dans un premier temps un chantier documentaire qui donne naissance à des fragments d’écritures de natures diverses. La pièce se crée ensuite à partir des expérimentations menées au plateau à partir de ces partitions, augmentée au fur et à mesure par les improvisations et les biographies des interprètes. Il arrive que j’invite sur scène les témoins de ces récits à revisiter leur histoire. Il est toujours question avec les interprètes, professionnels ou amateurs, de mener un travail d’introspection artistique et personnelle. L’écriture de la pièce dialogue avec des scénographies qui mettent le public physiquement en mouvement, soit par l’immersion ou la déambulation.
J’ai dirigé des ateliers de formation dans des écoles d’art et d’enseignement du théâtre, ainsi que des projets d’actions culturelles en milieu carcéral et en Ehpad. Actuellement je suis coresponsable du département Jeu à l’Ensatt, (Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre). Je m’intéresse à un théâtre du réel qui par glissements scéniques va ouvrir des champs de perception poétique. Il s’agit pour moi de tisser des récits qui ouvrent une résonance artistique à la beauté et à la violence du réel, à ces histoires qui témoignent de la vie quotidienne et de ses drames intimes et collectifs.
J’ai également écrit et co-écrit des scénarios de films de courts et longs métrages.